11 Comportements qui pourraient nuire à votre équipe

Une entreprise en pleine croissance doit-elle inévitablement faire face aux pressions politiques, à la concurrence interne, aux coups bas et à l'inefficacité?

Au stade où nous en sommes chez Userlike, nous pouvons nous féliciter de la culture remarquable que nous avons atteinte. Nous en avons pris conscience il y a quelques semaines, lors de notre voyage d’équipe annuel.

Nous sommes une équipe d'une vingtaine de personnes, toutes motivées, qui s'entendent à merveille et se déplacent dans une seule et même direction. Certains d’entre nous n'ont jamais rien connu d'autre; ceux ayant travaillé ailleurs auparavant sont particulièrement reconnaissants.

L'équipe de Userlike en train de dîner lors des vacances de 2017.

Mais notre équipe ne cesse de grandir. Saurons-nous protéger cette précieuse oasis?

Nous l'ignorons, mais nous ferons tout notre possible pour que cela soit ainsi. Dans cet effort, nous avons établi cette liste de comportements collectifs, silencieux et toxiques, que nous considérons comme les précurseurs d’une vie d'entreprise hostile.

Parmi eux, nous en retrouvons certains observés au coeur même notre entreprise, d'autres proviendront des récits de ceux ayant travaillé pour de plus grandes sociétés. Il ne s'agit pas de comportements manifestement toxiques, tels que la discrimination, mais bien de comportements silencieusement toxiques - qui arrivent à se glisser sans être aperçus, s’installent et perdurent.

Nous espérons que cette liste vous aidera à repérer rapidement les pentes glissantes et à ramener sur la terre ferme ceux qui s'apprêtent à glisser.

1
La territorialité

Nous sommes territoriaux par nature. Lorsqu'un membre d'équipe d'un autre service se met à critiquer un article de blog que j'ai écrit, ma réaction instinctive est de le défendre. Des pensées telles que "Pourquoi faut-il qu'il intervienne dans mes affaires celui-là?" ou "Ce projet relève du marketing, pas du développement" surgissent automatiquement.

Mais nous devrions couper court à cette territorialité. Les contributions interdisciplinaires n'ont pas de prix, justement parce qu'elles émanent d'un angle de vision entièrement nouveau.

2
Le contrôle compulsif

Ce dernier est relié au point précédant. Nous aimons avoir le contrôle de tout. Au sein d’une petite équipe de start-up, chacun dispose d'un large champ de responsabilités. Au fur et à mesure que l'équipe s’agrandit et qu'un certain degré de spécialisation s'installe, il peut devenir difficile de lâcher prise sur une partie de ce que nous contrôlions auparavant.

À nos débuts, Timoor, David et moi avions le contrôle sur tout. Avec une équipe de 24 personnes - ce qui reste néanmoins encore loin d’être grand - ce n'est plus possible.

Infographie de 3 personnes avec 3 contacts
Infographie de 6 personnes avec 15 contacts

Même si votre équipe se développe de façon linéaire, le nombre de relations interpersonnelles augmente de façon exponentielle. Le partage des tâches est le seul moyen de faire face à l'augmentation de la charge de travail. Il existe un aspect positif qui mérite d'être mentionné: en vous destituant de quelque chose, vous apprenez à faire confiance à des personnes qualifiées et leur permettez de prendre des décisions de qualité.

3
Jouer un double-jeu

Bob travaille dans son entreprise depuis trois mois et sa directrice Janette est très satisfaite. Bob semble être très professionnel, communique avec clarté, s'implique de manière proactive dans toute une série de projets et lui fait remarquer toutes les petites imperfections de l'équipe.

Les collègues de Bob, en revanche, le méprisent. Bob fait constamment de la lèche auprès de son manager tout en traitant ses subordonnés comme des moins que rien. Pour paraître occupé et obtenir une promotion, Bob prend part à un grand nombre de projets, mais sans vraiment contribuer à aucun d'entre eux.

Bob est un véritable sociopathe au sein de son entreprise. Un spécimen axé sur sa carrière, qui prospère dans des environnements chaotiques et multicouches, pour lesquels le chemin le plus rapide pour arriver au sommet de la pyramide n'est pas d'être brillant au travail, mais d'exceller en politique.

La sonnette d'alarme devrait retentir chaque fois que ceux d'en haut applaudissent et que ceux d'en bas restent silencieux. Le problème est que de nombreuses cultures entrepreneuriales empêchent les discours négatifs de sortir de leur longitude organisationnelle. Pour que cela se produise, il faut une culture qui prône la franchise .

4
La prétention de compétence

Les gens feignent l'expertise lorsqu'ils se sentent menacés, de peur que les autres ne les perçoivent comme incompétents. Ou alors ils ont tout simplement identifié ce comportement comme étant une voie vers le succès.

Une personne prétendant en savoir plus qu'elle ne le fait vraiment pourrait faire des ravages dans votre organisation. Surtout lorsque vous avez affaire à une menteuse douée ou lorsque le reste de l'équipe ne peut pas évaluer le sujet correctement.

Comment est-ce que deux as en affaires pourraient-ils juger le travail d'un développeur? Le développeur pourrait leur raconter des histoires interminables, truffées de jargon technique, sur les raisons pour lesquelles la barre n'a pas été atteinte. Sans aucune expérience en matière de programmation, ils n'y verraient que du feu.

Mieux vaut mille fois avoir quelqu'un dans son équipe qui admette franchement ce qu'il ne sait pas. C'est uniquement ainsi que vous pourrez vous concentrer sur la collecte d'informations ou vous prémunir face à l'inconnu.

Quelques signes qui trahissent un imposteur:

  • Il n'admet pas son ignorance, même pour de petites choses.
  • Il balance des déclarations infalsifiables, des clichés du secteur, ainsi que du jargon ("L'expérience client c'est tout", "Les données sont le nouveau pétrole").
  • Il n'admet pas ses erreurs.
  • Il ne travaille pas de manière transparente.

Lorsque l'on repère de fausses déclarations d'expertise, il faut d'abord essayer d'en découvrir le(s) motif(s). S'agit-il d'un problème d'attitude qui puisse être corrigé? Votre culture est-elle impitoyable face à l'ignorance? Ou avez-vous affaire à quelqu'un dont vous devriez mieux vous séparer?

5
Les fadaises

Les fadaises décrivent une tendance à continuer à parler, sans vraiment ajouter de substance à son discours. La reine du baratin est probablement la Miss Teen USA de Caroline du Sud de 2007, mais vous vous heurterez un peu partout aux baratinages et au verbiage.

Dans un contexte d'équipe, elles se manifestent souvent lors des réunions. Imaginons qu’au lieu de rendre compte brièvement d'une baisse du nombre de lecteurs du blog au cours du mois précédent et de sa cause supposée, je continue à expliquer dans les détails comment j'ai fait pour découvrir cette baisse, à qui j'en ai parlé, quelles pensées m'ont traversé l'esprit, à quel point il est important de bien faire les choses, etc. Quel serait le résultat pour l’entreprise?

Il n’en résulterait probablement que du bruit et une réunion longue et fastidieuse.

Si vous sollicitez l'attention d'un public, celui-ci évaluera inconsciemment le rendement de ses efforts. Avec une quantité de texte volumineuse, pauvre en contenu, vous perdrez chacun de ses membres.

Les fadaises découlent du sentiment de devoir dire quelque chose. De devoir ajouter quelque chose, même lorsque vous n'avez rien à contribuer. Je soupçonne que cela résulte d'une causalité inversée défectueuse: un travail important nécessite beaucoup de coordination et de discussion, donc si je parle beaucoup de mon travail, il sera important.

Vous n'imaginez pas à quel point il est difficile de rester simple et clair. Les gens ont peur d'être perçus comme des simplistes. En réalité, c'est tout le contraire.

Jack Welch

De plus, le baratin est contagieux. Lorsque vous voyez votre collègue monopoliser toutes ces heures de grande écoute, vous pourriez vous mettre à vouloir en revendiquer autant - juste pour montrer que votre travail est tout aussi complexe et important.

Lorsque ce phénomène se manifeste, creusez pour en trouver l'origine. Peut-être que les baratineurs ressentent le besoin de défendre leur position ou leur raison d’être au sein de votre équipe, ce qui serait le signe d'une concurrence interne, peu souhaitable.

6
L'autorité gratuite

Quelle que soit la structure de votre organisation, un certain niveau de hiérarchie subsistera toujours. Et avec la hiérarchie vient l'autorité. Mais la façon dont cette autorité est exercée fait toute la différence.

Le problème d'une autorité forte est qu'elle affaiblit le sens des responsabilités de ceux qui ne sont pas au sommet de la pyramide. Les hiérarchies bien établies justifient les différences - en matière de responsabilité, de propriété et de contribution. À quoi bon partager vos idées sur les améliorations à apporter, si vous vous sentez comme un boulon au bas de la pyramide?

De plus, l'autorité l'emporte sur la franchise. Le passage à la gestion des ressources de l'équipage (CRM) qu'ont connu les compagnies aériennes l'illustre parfaitement. L'autorité du pilote était autrefois intouchable. Si un copilote soupçonnait un oubli, il n'osait pas le mentionner. La CRM a brisé ce biais d'autorité et obligé tout l'équipage à partager ouvertement ses réflexions et ses doutes.

L'autorité n'est pas nécessaire lorsqu'elle ne sert aucun but. Il arrive que l'équipe ait besoin d'un coup de fouet. C'est normal. Mais lorsque vous êtes autoritaire pour le simple plaisir d'être autoritaire, que vous donnez des ordres sans vraiment savoir ce qui doit être fait, alors c’est que vous exercez aussi une autorité gratuite.

"Prenez des notes" , voilà qui est démotivant.
"Veuillez prendre des notes" est légèrement plus approprié.
"Pourriez-vous prendre des notes, svp?" " est amical et respectueux.

Dans le cadre d’une culture d'entreprise saine, les gens respectent sa structure et n'exercent de l’autorité que lorsque c'est vraiment nécessaire.

7
La peur de s'exprimer

Il y aura toujours des non-dits, des tensions sous-jacentes. Une culture d'entreprise optimale permet de découvrir et de résoudre ces frictions, avant qu'elles ne conduisent à un effondrement général.

La peur de parler est courante sur de nombreux lieux de travail. Souvent, le sujet refoulé se présente sous la forme d’une pensée critique qui n'est pas exprimée par peur des représailles.

Lucie pourrait se demander "Pourquoi Bob a-t-il obtenu cette promotion?" Une réflexion comme celle-ci pourrait facilement être qualifiée d'"envieuse", mais il pourrait également s'agir d'une de ses sincères préoccupations.

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Si Lucie a raison et que la promotion de Bob est injuste, une discussion honnête avec sa responsable Janette pourrait lui faire prendre conscience du fait que Bob est un sociopathe au travail et qu’elle doit adapter son attitude envers lui en conséquence.

La pensée de Lucie pourrait tout aussi bien être fondée sur un parti pris ou sur des informations incomplètes. Dans ce cas, un entretien avec son manager pourrait l’aider à comprendre que la promotion de Bob était, en fait, justifiée, ou pourrait du moins modérer son point de vue.

Dans les deux cas, un entretien transparent permettrait de limiter les dégâts. Mais ceci ne peut se produire que si les deux parties reconnaissent la valeur de la franchise et veillent au bien-être de l'entreprise. Il va de soi que les personnes ayant moins d'autorité dans l’entreprise fassent moins souvent preuve de franchise si elles ne sont pas certaines que leur honnêteté soit appréciée.

8
L'égoïsme

Le scénario exposé ci-dessus ne peut fonctionner que si Lucie et Janette ne se placent pas elles-mêmes au-dessus du bien-être de l'entreprise.

Nous sommes tous égoïstes dans une certaine mesure. Mais si cet égoïsme atteint un niveau tel, qu'il se traduit par un comportement contraire à l'éthique, comme le népotisme ou la sociopathie en entreprise, il fera du tort à l'entreprise.

Des motivations appropriées doivent savoir conjuguer souhaits égoïstes et intérêts de l'entreprise. Si elles ne le font pas, elles devront être ajuster à l'aide d'une carotte ou d'un bâton.

9
Faire perdre la face à ses collègues

Le défi de la franchise et de la transparence consiste à savoir comment les concilier avec l'empathie. Honnêteté ≠ impolitesse. Chacun a un moi fragile dont il faut tenir compte. Il y a une différence entre partager votre opinion sincère sur les performances de quelqu'un et sévir contre cette personne.

Si vous avez quelque chose de négatif à dire sur quelqu'un, faites-le en privé, pas au sein d'un groupe. Il n'est pas facile de se faire pardonner ce genre de manque de respect et il laisse des blessures profondes chez les autres.

10
Parasiter

Plus l'équipe est grande, plus il est facile pour les gens de se retirer discrètement et de se reposer sur les succès de l'équipe. Et pire encore, plus les gens s'engagent à ne rien faire du tout, plus les autres sont susceptibles de suivre dans le flânage social. Les parasites se développent dans les grands corps.

Le besoin accru de coordination, découlant de l'expansion de l’équipe, rend à lui seul la gestion de la diminution naturelle du rendement par personne difficile. Une fois qu’une paresse sociale s’est installée, une grande équipe peut vite se transformer en véritable cauchemar.

Vous pouvez contrer ce phénomène en rendant l'impact de chaque individu sur l'équipe aussi visible que possible, ainsi qu’en sévissant contre les parasites sociaux, partout où vous les repérez.

11
La complaisance

Une culture organisationnelle réussie crée un équilibre entre la pression exercée par le temps et la sécurité psychologique. Trop peu de sécurité et l'équipe s'effondre sous le stress. Trop peu de pression temporelle et l'équipe devient complaisante.

Lorsqu'on bascule dans la complaisance, on ne pense plus à s'améliorer, à apprendre, à aller de l'avant. Nul besoin de se remettre en question, d'améliorer les flux de travail ou d'élargir ses connaissances.

Nous aimons l' analogie qu’a faite Netflix d'une culture organisationnelle familiale par rapport à celle d’une équipe:

"Nous sommes une équipe, pas une famille. Une famille, c'est un amour inconditionnel, même lors de comportements capricieux de la part de nos frères et sœurs. Une équipe de rêve, c'est se pousser à être le meilleur coéquipier possible, se soucier intensément de ses coéquipiers et savoir que notre place au sein de l'équipe n’est pas acquise".

Si certains de ces points vous ont interpellé au cours de votre lecture - parfait! Il est important de nommer ces 11 comportements, parce qu'ils sont humains et se faufilent discrètement. Chacun d’entre nous en a déjà fait ses expériences.

Cette liste est basée sur notre propre expérience chez Userlike et nous ne manquerons pas de l'étoffer au fur et à mesure que nous tirerons des leçons des nouveaux défis qui se présenteront à nous. Vous avez le sentiment que j'ai oublié certains comportements particulièrement toxiques? Faites-moi part de vos commentaires! Vous me trouverez sur Twitter .